Le Nobel de littérature décerné au
Français
Jean-Marie Le Clézio
LEMONDE.FR avec AFP 09.10.08 13h15 • Mis à jour le 09.10.08
Le prix Nobel de littérature 2008 a été attribué à l'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio pour son œuvre "de la rupture", a annoncé, jeudi 9 octobre, l'académie suédoise. L'académie a fait ce choix d'un "écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante", selon les termes de l'académie. Il recevra un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,02 million d'euros), le 10 décembre à Stockholm.
Les derniers lauréats français 2008 : Jean-Marie Gustave Le Clézio2000 : Gao Xingjian1985 : Claude Simon1964 : Jean-Paul Sartre (qui l'a refusé)1960 : Saint-John Perse (pseudonyme d'Alexis Léger)1957 : Albert Camus1952 : François Mauriac1947 : André Gide1937 : Roger Martin du Gard 1927 : Henri Bergson1921 : Anatole France1915 : Romain Rolland 1904 : Frédéric Mistral conjointement avec José Echegaray y Eizaguirre (Espagne)1901 : Sully Prudhomme (pseudonyme de René François Armand Prudhomme)
En quarante-cinq ans d'écriture, Jean Marie Gustave Le Clézio, âgé de 68 ans, grand voyageur fasciné par les mondes premiers, est l'auteur d'une cinquantaine de livres, portés par une grande humanité. Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice d'une famille bretonne (son nom signifie "les enclos" en breton) émigrée à l'île Maurice au XVIIIe siècle. Son père était un médecin de brousse anglais et sa mère, française.Après sa licence de lettres, il travaille à l'université de Bristol et de Londres, consacrant un diplôme d'études supérieures à Henri Michaux. A l'âge de 23 ans, il obtient le prix Renaudot pour Le Procès-Verbal. En 1967, il fait son service militaire en Thaïlande en tant que coopérant, mais est expulsé pour avoir dénoncé la prostitution enfantine. Il achève son service au Mexique. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, employé par l'Institut d'Amérique latine, il partage la vie d'Indiens au Panama : une expérience qui aura beaucoup d'influence sur son œuvre. Il enseigne ensuite à Albuquerque (Nouveau-Mexique).Dans une interview à la radio publique suédoise après l'attribution du prix, Jean-Marie Gustave Le Clézio s'est déclaré "très ému et très touché" par la récompense. "C'est un grand honneur pour moi", a-t-il ajouté, précisant qu'il remerciait "avec beaucoup de sincérité l'Académie Nobel". A la question de savoir s'il se considérait comme un écrivain français ou francophone, il a répondu : "Je ne crois pas que l'on puisse faire la distinction. Je suis né en France, mon père était britannique, je suis issu d'un mélange, comme beaucoup de gens en Europe."
L'écrivain était, jeudi matin, l'invité de France-inter, avant l'attribution du prix Nobel.
UNE ŒUVRE FOISONNANTESon œuvre, qui comprend des contes, des romans, des essais, des nouvelles, des traductions de mythologie indienne, des livres de photo, d'innombrables préfaces, articles et contributions à des ouvrages collectifs, est perçue comme une critique de l'Occident matérialiste, sous-tendue par une attention constante aux faibles et aux exclus. Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée. Jean-Marie Le Clézio, qui fait partie du jury Renaudot, a notamment écrit La Fièvre, L'Extase matérielle, Terra amata, Le Livre des fuites, La Guerre, Désert, Le Chercheur d'or, parus chez Gallimard pour l'essentiel.Un sondage publié dans la revue française Lire en 1994 le désignait comme "le plus grand écrivain de langue française" devant Julien Green. Il avait alors déclaré : "Moi, j'aurais mis Julien Gracq en tête."
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